Le ragondin : un impact significatif sur l’écosystème
Originaire d’Amérique du Sud, le ragondin (Myocastor coypus) a d’abord été introduit en France pour l’élevage à fourrure au XIXᵉ siècle. Libéré ou échappé d’élevage, il a trouvé dans nos zones humides un habitat sans prédateur naturel capable de limiter sa population. Résultat : l’espèce est désormais classée ESOD – espèce susceptible d’occasionner des dégâts sur l’ensemble du territoire métropolitain ; ce statut, réexaminé tous les trois ans, figure aujourd’hui encore dans l’Arrêté ministériel du 2 septembre 2016 qui régit le contrôle des espèces non indigènes .
Pourquoi le ragondin est-il classé nuisible ?
- Prolifération éclair : une femelle peut mettre bas jusqu’à trois portées par an (5 à 8 petits en moyenne).
- Manque de prédation naturelle : en Europe, seul le renard s’attaque vraiment aux jeunes ; les adultes de 5–9 kg ont peu d’ennemis.
- Coûts économiques et écologiques élevés (voir ci-dessous).
Dommages causés aux berges et aux cultures
- Berges, digues et canaux fragilisés : leurs terriers forment un lacis de galeries qui provoque affaissements et ruptures (risque d’inondation et dépenses de renfort souvent lourdes pour les collectivités).
- Cultures ravagées : maïs, betteraves, légumes de plein champ… Les pertes sont directes (consommation) et indirectes (souillures).
- Biodiversité menacée : l’appétit du ragondin pour les macrophytes modifie la flore aquatique et accroît la turbidité de l’eau, rendant les sites moins favorables aux amphibiens ou à certaines espèces de poissons.
- Risques sanitaires : l’espèce est réservoir de la leptospirose ; l’homme s’infecte par contact avec une eau souillée par l’urine des animaux.
Méthodes légales de destruction du ragondin
En droit français, le ragondin peut être détruit toute l’année à tir, piégeage ou déterrage. Le cadre juridique repose sur le Code de l’environnement (articles L.427-6 à L.427-8) complété par des arrêtés ministériels et préfectoraux.
Le tir à l’arme à feu
- Permis de chasser : obligatoire et dûment validé pour la campagne cynégétique en cours.
- Autorisation du droit de chasse : le tireur doit être propriétaire, détenteur du droit de chasse ou porteur d’une autorisation écrite.
- Sécurité : tir fichant, identification infaillible de la cible, respect des distances de sécurité.
- Calibres : tous les calibres autorisés à la chasse peuvent convenir. La carabine .22 LR est expressément admise pour le ragondin—y compris en zone humide—sauf sur certains tronçons des bords de Loire où des arrêtés préfectoraux l’interdisent .
À savoir : depuis le 15 février 2023, la grenaille de plomb est interdite dans et à moins de 100 m des zones humides en application du règlement UE 2021/57 ; le tir à balle de plomb avec une .22 LR reste possible hors de ces zones ou lorsque le préfet n’impose pas de munition non toxique .
Le piégeage
- Catégorie 1 – cages-pièges : capture vivante. Une déclaration annuelle en mairie suffit.
- Catégorie 2 – pièges tuants : formation obligatoire et agrément de piégeur requis.
- Visites obligatoires : chaque piège doit être contrôlé tous les matins avant midi .
- Sélectivité & relâcher : toute espèce non ciblée (ex. castor) doit être relâchée immédiatement.
- Mise à mort : doit être immédiate et sans souffrance ; la noyade est prohibée et les armes à air comprimé sont interdites .
Le déterrage (avec ou sans chien)
Autorisé toute l’année, il exige une excellente connaissance du terrain ; l’intervention se fait souvent en collaboration avec les lieutenants de louveterie ou les Fédérations départementales des chasseurs.
Tuer un ragondin à la carabine à plomb : que dit la réglementation ?
L’interdiction des armes à air comprimé
L’article 1 de l’Arrêté du 1ᵉʳ août 1986 énumère les procédés prohibés pour la destruction des ESOD et interdit explicitement « l’emploi des armes à air ou gaz comprimé » .
- Cela vaut même si l’animal est déjà capturé dans une cage-piège.
- Déroger expose aux sanctions prévues par le Code de l’environnement : amende de 5ᵉ classe (jusqu’à 1 500 €, 3 000 € en récidive), confiscation de l’arme, voire poursuites pénales pour acte de cruauté.
Tir de loisir vs. chasse vs. destruction d’ESOD
Cadre | Autorisation | Arme admissible | Finalité |
---|---|---|---|
Tir de loisir | Aucune formalité si < 20 J et tir sur cibles en terrain privé clos | Carabine à plomb | Récréatif |
Chasse | Permis de chasser + validation annuelle | Armes de chasse (pas d’air comprimé) | Prélevement de gibier selon dates d’ouverture |
Destruction ESOD | Permis de chasser + arrêté préfectoral & droit de destruction | Armes à feu autorisées (dont .22 LR) | Régulation hors périodes de chasse |
Confondre ces régimes équivaut à chasser ou détruire illégalement et expose aux sanctions décrites ci-dessus.
Carabine à plomb et ragondin : précision sur l’armement
Important : La section suivante présente un choix d’équipement uniquement s’il venait à être autorisé (par exemple dans un pays où la législation diffère). En France, l’usage d’une carabine à plomb pour abattre un ragondin demeure illégal.
Puissance minimale pour un tir éthique
L’expérience internationale montre qu’une énergie de bouche d’au moins 25–30 J associée à un bon placement suffit à un tir létal sur un ragondin ≤ 9 kg.
Calibres et projectiles
- 5,5 mm /.22 cal : compromis pénétration/trajectoire, plombs diabolo lourds ou slug.
- 4,5 mm /.177 cal : plus tendu mais souvent sous-dimensionné pour un tir létal immédiat.
Lunette et accessoires
Une lunette 3-9 × 40 ou 4-12 × 44, réticule duplex, assure un tir précis entre 15 m et 40 m ; préférez un montage monobloc pour maintenir le réglage face au recul (même faible) des carabines PCP/piston.
Méthodologie et conseils pour une intervention efficace et responsable
Repérage et approche
- Observer les passages (mares boueuses, coulées dans la végétation).
- Intervenir à l’aube ou au crépuscule, pics d’activité alimentaire.
Tir précis & zones vitales
- Boîte crânienne entre les yeux et la base des oreilles : destruction immédiate du système nerveux.
- Thorax légèrement derrière l’épaule : touchant cœur-poumons, mais requiert une balle expansible pour un choc hydrostatique suffisant.
Distance et sécurité
- Tir fichant à moins de 50 m.
- Connaître l’arrière-plan : berges fréquentées ? chemins ? autre faune ?
Suivi de tir
Toujours vérifier si l’animal est neutralisé. En cas d’insuffisance : second tir immédiat ou mise à mort manuelle (dague) par un tireur agréé.
Au-delà de la carabine à plomb : autres méthodes de régulation
Le piégeage, la méthode reine
- Rentable : une cage sert plusieurs saisons.
- Peu bruyant, compatible avec les zones péri-urbaines.
- Doit s’inscrire dans une démarche collective (syndicats de rivière, collectivités, FREDON).
Les démarches collectives possibles
- Campagnes départementales coordonnées par les Fédérations de chasse et les CPIE.
- Programmes “zéro ragondin” sur certaines basses vallées où les collectivités financent le matériel et l’enlèvement des carcasses.
Responsabilité et sécurité – les points essentiels
Manipulation des armes
- Toujours pointer vers le sol ou la cible.
- Transport sous housse verrouillée lorsque vous n’avez plus le doigt sur la détente.
Éthique de la destruction
- Se donner pour règle de réduire la souffrance animale au minimum.
- Limiter les tirs en période de reproduction (printemps) lorsque d’autres méthodes peuvent suffire.
Gestion des dépouilles
- Porter des gants (risque leptospirose).
- Incinération en équarrissage ou enfouissement à plus de 50 cm, loin des nappes phréatiques.
Conclusion
Le ragondin figure parmi les rongeurs les plus invasifs d’Europe ; la législation française permet de le réguler, mais interdit strictement l’usage d’armes à air comprimé. Entre encadrement juridique, impératifs d’éthique animale et enjeux sanitaires, la destruction doit rester une intervention raisonnée, concertée et respectueuse du cadre légal. Avant toute action, rapprochez-vous de votre préfecture, de la Fédération départementale des chasseurs ou de la FREDON pour connaître les arrêtés particuliers qui s’appliquent à votre commune.

Moi, c’est Mathieu, un vrai passionné de tir et d’auto-défense. Avec 10 ans passés derrière le comptoir d’un stand de tir, j’en ai vu passer des armes et des gadgets ! Maintenant, j’aime partager mes retours et filer un coup de main à ceux qui cherchent à s’équiper pour leur sécurité. 😉